Le N’ko n’est ni une religion, ni une secte (Par Nafadji Sory Condé)
Face au tollé que suscite dans l’opinion nationale et internationale, l’action du chroniqueur Nanfo Ismaël Diaby qui a fait la prière musulmane en n’ko à Kankan, le chercheur panafricain Nafadji Sory CONDE, écrivain et auteur N’ko revient dans cette tribune pour clarifier le rôle de l’alphabet N’ko.
Le N’ko est un système d’écriture élaboré par Solomana KANTÈ qui comprend 27 lettres afin de combler le déficit dans la transcription phonétique et phonologique des langues africaines. De nos jours, ce système de transcription des langues à ton à donner naissance à un mouvement culturel, littéraire et linguistique, un système thérapeutique, et scientifique africain.
Solomana Kanté (1922-1987), d’origine malienne, né à Kankan en Guinée, est un savant africain de langue mandingue ayant écrit 183 ouvrages en n’ko, le système d’écriture phonétique et phonologique qu’il a inventé en 1949 à Bingerville en Côte d’Ivoire, d’où le caractère transnational et transversal du N’ko. Ses 183 livres rédigés en 38 ans comportent 38 livres de théologique islamique y compris la traduction intégrale du saint coran et des hadiths , 48 livres d’histoire, 25 livres de sciences, des traités de philosophie, de Droit , de Médecine traditionnelle africaine, des ouvrages de langues, des manuels pédagogiques et didactiques. .. Le N’ko n’est pas une religion, mais un mouvement culturel, scientifique de valorisation des langues africaines dans toutes les sphères de la vie(administration, culte, éducation, communication, sciences… ) .
Des ouvrages d’ingénierie, de médecine moderne, de physique quantique et d’électronique sont disponibles aujourd’hui. Des traités de mathématiques supérieures, la programmation informatique sont en cours de développement en N’ko.
La bible est traduite en n’ko il y a plus de 20 ans par les évangélistes canadiens. Des ouvrages sur le fétichisme, la magie, les sciences occultes et la religion animiste des soma existent en n’ko. Donc, tout le monde n’est pas musulman en n’ko. Notre priorité n’est pas la religion, chacun est libre de pratiquer la religion comme il veut. Mais la religion déchaîne les passions.
Aujourd’hui, la traduction automatique N’ko avec 59 autres langues internationale chez Microsoft et Google, les travaux de l’encyclopédie Wikipedia n’ko et la numérisation du n’ko avec la mise à disposition des tablettes éducatives n’ko sont en cours. La création d’une filière éducative n’ko bilingue en langue nationale valorisant l’adaptation de la science à nos cultures sont nos objectifs prioritaires. Chacun apprend le n’ko en fonction de ses objectifs.
Le défi du n’ko est de faire triompher l’esprit critique chez les africains, développer leur autonomie intellectuelle et, à l’image de l’Asie, s’appuyer sur les langues africaines pour amorcer un vrai développement durable basé sur la maîtrise de la science, de la technique et de la technologie par les générations futures dans les langues africaines.
En conclusion, le N’ko dans son ensemble diversifié, ne pourrait être assimilé à un courant religieux, ni à une secte. Les structures du n’ko sont agréées et exercent légalement leurs activités en conformité avec la constitution et les lois en vigueur et participent aux efforts de développement dans les domaines de la santé communautaire et la lutte contre l’analphabétisme.
Nafadji Sory CONDE. Auteur de l’ouvrage Introduction au N’ko. Une alternative linguistique pour l’Afrique. Harmattan Guinée. Récipiendaire du Prix international Panafricain 2019.